AUTEUR : CHANG Kang-myoung

EDITIONS : Decrescenzo éditeurs

Le résumé :

Nous sommes en Corée du Sud et nous y suivons la vie d’un groupe d’étudiants lancé dans la course aux concours pour intégrer la meilleure université, puis, selon le cursus idéal, une grande entreprise ou l’administration. Parmi eux il y a Seyeon, une jeune fille très brillante mais totalement désenchantée par le modèle de la société sud-coréenne. C’est d’elle que parle le narrateur, un de ses amis étudiants.

Pour s’opposer à cette vie sans grand défi qu’on lui impose, elle veut réaliser une action de contestation dont tout le monde parlera, et qui restera dans l’histoire. Seyeon s’inspire de grands criminels, de serials killers notamment… et décide de créer un groupe de personnes prêtes à se suicider au sommet de leur gloire et ayant préalablement publié une « déclaration de suicide » sur un site internet nommé « whydoyoulive.com ». La jeune étudiante a décidé de montrer l’exemple en se suicidant elle-même en premier lieu !

Mais pour réaliser son projet elle doit tout d’abord persuader des « disciples » de la suivre dans cette aventure mortelle. C’est alors que nous sommes témoins de toutes les manipulations qu’elle mettra en œuvre afin de s’assurer qu’au moins 5 de ses amis la suivent dans la mort.  Elle leur laisse 5 ans après son propre décès pour mettre leur promesse à exécution.

Le feront-ils ? Quel sera le retentissement de ce site ? Et son ami, le narrateur, la suivra-t-il jusque-là ? Je vous laisse le découvrir…

Au sujet de la construction du roman…

C’était une expérience pour moi, je n’avais jamais lu de roman sud-coréen, et ce fut une belle découverte. C’est un livre très bien construit, avec le sens de conserver une même structure tout le long. L’écriture est plaisante, instruite sans être assommante, avec des références littéraires diverses. On y découvre également le mode de vie sud-coréen, avec des notes explicatives en bas de page. Bref, du beau travail, soigné…

Cela n’a pourtant pas été très facile au début. En effet, le livre commence par ce qui ressemble à un article de presse relatant la mort du fils d’un président d’une grande entreprise sud-coréenne.

Juste après, le narrateur commence à parler de lui, mais sans dire qui il est vraiment (j’avoue que j’ai d’abord cru qu’il s’agissait du fils indiqué dans la publication précédente, mais non…)

Il nous présente ensuite son amie Seyeon, puis, surprise, on tombe sur un encart grisé, reprenant un numéro, un titre, des extraits de livres et une autre histoire avec des autres personnages !

Et ces encarts reviennent dans chaque chapitre du bouquin… toujours avec la même structure.

C’est assez déroutant ! On ne comprend pas tout de suite (en tout cas, pas moi !) et ce n’est qu’au fil de l’histoire qu’on apprend (ou plutôt qu’on déduit, car personne ne nous le dit !) qu’il s’agit des écrits de Seyeon, qu’ont découverts ses amis après sa mort.

Le malaise de toute une génération…

Ce livre peut se lire de plusieurs façons :

  • On peut le voir comme un genre de thriller, avec des morts, du suspense, etc… Mais dans ce cas armez-vous de patience car il vous faudra attendre plus de la moitié du livre pour voir arriver de l’action !
  • Ou bien on peut le voir comme une critique d’un modèle de société (qui pourrait aussi être la nôtre d’ailleurs, dans une certaine mesure), comme une analyse de cette génération B, dont la définition vous sera donnée dans le roman, qui se lit alors plutôt comme un essai, l’intrigue étant plus un support pour énoncer les idées de l’auteur.

En conclusion

C’est un livre original, pas toujours facile à comprendre et qui traîne un peu en longueur. Il fait plus la part belle à la réflexion sur le but de la vie qu’à l’action, mais le tout étant ingénieusement mêlé, on en ressort avec un sentiment bizarre…

C’est pourquoi je ne conseille absolument pas ce livre à une  personne déprimée, au risque qu’elle se sente trop en phase avec les idées suicidaires de Seyeon et passe à l’acte, s’il lui venait de prendre l’histoire au pied de la lettre !!

Je pense d’ailleurs que c’est la raison pour laquelle l’auteur a rédigé une note à la fin de son livre où il incite les jeunes à réfléchir au rôle qu’ils doivent jouer dans la société et où il cite Samuel Huntington :

On découvre qui on est seulement si on sait contre qui ou contre quoi on se bat.